Quand le second confinement s’annonçait, différents collègues se sont concertés pour se demander: “Comment pouvons nous continuer à joindre les jeunes?” Après un brainstorm commun le projet “Team Trottoir”à vu le jour. Team Trottoir c’est un groupe de collègues, issus de nos différents projets de formation, qui pendant cette periode partent à vélo visiter les jeunes chez eux à la maison pour avoir avec eux des ‘conversations trottoir’. L’initiatrice du projet Jamina nous explique leur démarche:

Peux-tu, en tant qu’initiatrice, nous décrire l’idée et le but du Team Trottoir?

Différents collègues vont voir nos jeunes, qui pour l’une ou l’autre raison ont des difficultés à venir vers nous, pour ainsi les encourager quelque peu et leur remonter le moral. C’est une démarche qui est à la frontière entre la formation et le bien-être. D’une part nous essayons au maximum de continuer ainsi notre travail de formation/encadrement, mais d’autre part nous voulons également simplement être présents pour les jeunes qui ont besoin d’une conversation ou d’un encouragement. Chaque collègue détermine lui- ou elle-même le contenu de sa ‘conversation trottoir’. Barbara et Sarah, par exemple, continuent ainsi leur initiative de formation et vont voir les jeunes pour réaliser quelques exercices à la porte ou dans un parc du quartier.

Comment avez-vous eu cette idée?

L’ idée nous est venue en fait parce que nous avons commencé à faire ce genre de visites, aller se voir en vélo, entre collègues lors du premier confinement. Nous avons vu que cela était agréable pour les deux parties: celle/celui qui est en route et celle/celui qui reçoit la visite. De là l’idée de faire pareil avec nos jeunes. Nous sommes nous-mêmes aussi, pendant le confinement, parfois confrontés à des angoisses à la maison et alors une telle visite est toujours la bienvenue. Nous nous sommes bien dit à l’avance que nous ne voulions pas faire ou remplacer le travail des CAW (Centrum Algemeen Welzijnswerk/ Centres Sociaux de Bien-Être Général). Quand, lors de nos conversations, nous remarquons qu’il y a des problèmes, ou un besoin autre qu’une simple conversation, alors nous les référons aussi vers d’autres organisations d’aide ou de soutien.

Quelles genre de questions peuvent poser les jeunes que vous visitez?

Sarah et Barbara, qui continuent la formation horeca, commencent souvent leurs conversations de trottoir avec des exercices propres à la formation, mais elles nous ont dit que ceci mène parfois plutôt à une conversation autour du bien-être. Il s’agît alors d’offrir aux jeunes de nouvelles perspectives, des tuyaux pour les aider à structurer leurs journées etc. Mais il peut tout aussi bien s’agir d’une question pratique, quand quelqu’un à besoin de soutien numérique avec Zoom par exemple. Alors nous pouvons également venir à l’aide.
Quand une conversation de trottoir n’est pas possible à domicile, nous pouvons également nous rencontrer dans un parc des environs. Le but est bien entendu de convenir de tout cela à l’avance, car les visites imprévues et à l’improviste ne sont pas tellement appréciées. Les jeunes savent donc bien à l’avance que nous venons les voir.

L’ idée nous est venue en fait parce que nous avons commencé à faire ce genre de visites, aller se voir en vélo, entre collègues lors du premier confinement.

Nous aimons vraiment faire cela et les jeunes nous attendent vraiment, ils sont ouverts à faire des choses…

Remarquez-vous que les jeunes ont besoin de telles initiatives ces jours-ci?

Oui, en effet. Ils apprécient vraiment recevoir de l’aide pour des questions pratiques ou pouvoir partager quelque chose avec quelq’un d’extérieur. Ainsi il y avait par exemple une fille qui commençait à raconter comment ses deux enfants la rendaient folle parfois et qui demandait comment y faire face. Ce genre de choses se raconte plus facilement à une personne extérieure qu’à sa propre famille.

Et comment est-ce que l’équipe elle-même vit ce travail d’une manière alternative?

Nous aimons beaucoup réaliser ces ‘conversations trottoir’. Les jeunes nous attendent vraiment, ils sont ouverts à faire des choses… C’est très chouette aussi de chercher d’autres formes de travail pour activer nos jeunes avec notre équipe. Il est bon de savoir aussi que nous ne nous déplaçons pas en vain. Nous repartons avec l’idée “Oké, j’ai pu leur donne quelque chose.” Quant à savoir si ils vont effectivement en faire quelque chose, cela nous ne le savons pas (encore), mais nous leur avons donné des poignées, une base sur laquelle construire. Et tout comme lors d’un encadrement de trajet nous arrivons ainsi à les suivre, parce que nous ne nous limitons pas à une seule visite. Nous verrons, avec le temps, quels sont les résultats.

Interview: Kirsten Bogaerts – novembre 2020

corona-frformation